Bonjour a tous,

ce micro-mail pour vous dire qu'effectivement je suis dans une region ou internet marche de facon tres limitee,
liaison par satellite et coupures d'electricite frequentes.
en tout cas, tout va bien, je passe par une periode de retraite de meditation dans une monastere, qui durera encore
sans doute une dizaine ou une douzaine de jours. donc, pas d'inquietude si vous ne recevez pas de nouvelles tout de suite,
le monastere est assez isole.
Au programme de la retraite, puja (priere matinale en commun, textes tibetains sacres chantes avec agitation de cloches
et roulements de cymbales), fabrication de lampes a beurre, allumage de batonnets d'encens devant les images des bouddhas,
au regard imperturbablement apaise... et surtout "empowerments": lamas-yogis qui transmettent au cours de ceremonies
initiatiques les energies de differentes divinites, experiences intenses.
la vallee de la Spiti est en quelque sorte un desert de montagnes, assez arides, et la riviere Spiti qui coule en une large vallee.
en fait, cela me fait penser a l'egypte, le Nil qui coule avec les desert des deux cotes, une egypte en haute altitude en quelque sorte.
cet environnement sec est particulierement propice a la presence des forces spirituelles.

je vais achever ce mail avant que la connection ne disparaisse... :)

merci beaucoup pour vos reponses.
je vous embrasse fort...

Bonjour a tous..

comme d'habitude, pas d'accent sur les claviers indiens.
le premier mail que je vous ai envoye etait tres court. en fait, j'ai ete invite dans une famille indienne,
par un indien tres sympathique, nomme Nataraj, avec qui j'avais commence,
au court d'un trajet en bus une discussion tres interessante sur la science et la spiritualite.
Depuis mon arrivee, je rencontre nombre d'indiens, doux, genereux et hopitaliers.
Apres une nuit passe sur un canape confortable, j'entreprends le matin de monter sur une colline plantee de
pins (je suis deja dans le Nord de l'Inde, l'Himachal Pradesh).
je rencontre de jeunes villageois des montagnes qui parlent un peu anglais et me demandent si je veux aller
jusqu'au sommet de la petite montagne voisine. nous grimpons donc, passant par des vergers ou je ramasse quelques  
petites pommes rouges et vertes, legerement acides, specialite de l'himachal pradesh.
Petits chemins de pierres, grands meres ridees faisant paitre moutons et chevres, montagnardes souriantes en habits
colores.
je me rends compte qu'a mon arrivee en Inde, je suis redevenu indien. les habitudes, us et coutumes, facons de se
comporter en societe, sont tres differents de chez nous. c'est peut etre cela aussi qui fait que le "courant" entre
nous passe si bien.
en Inde par exemple, on ne regarde pas les femmes que l'on ne connait pas, on pourrait dire, on fait comme si
elles n'etaient pas la. d'un point de vue occidental, le fait d'ignorer l'autre pourrait etre vu comme une forme de mepris.
c'est le contraire: regarder directement quelqu'un, dans les yeux par exemple, et ici considere comme trop puissant,
comme une forme de violence. Detourner le regard signifie donc respecter la beaute.
pour revenir a la montagne, nous grimpons jusqu'au sommet, traditionnel echange de prenoms, j'apprends a dire
"comment vas-tu?" en Hindi (phonetiquement "toum kessee ho?")
Au retour dans la famille qui m'acceuille, le pere toujours a son travail, longue discussion, assis en tailleur sur le tapis
du salon, avec sa femme, Meenakshi, qui coupe et epluche des pommes pour moi... simplicite, generosite...
ce n'est pas la premiere fois qu'une telle chose arrive, pour ceux qui ont lu mes mails de l'annee derniere.
cela me rappelle mon enfance... l'Inde est comme une mere...
le soir, apres avoir partage un the de plantes avec Nataraj, qui m'invite a revenir passer plusieurs
jours chez lui, je pars pour une courte nuit dans un hotel pres de la station de bus de kullu (le bus qui m'emmene
dans la Spiti pars a 3h30 du matin, encore quinze heures de route), non sans avoir accepte un sac de pommes
et quelques chapatis (le pain non leve indien), et echange des adieux chaleureux avec la famille, egalement avec Shree,
leur fils ("you come back, ok?")
et me revoila sur la route, ou je vous ecris, sur le papier, ce que je retranscrirai plus tard, profitant de quelques
rares passages de route goudronnee.
la route vers la Spiti grimpe et je suis actuellement dans la ville de Kaza, a environ... 4000 m d'altitude!
le premier soir, le niveau d'oxygene etant beaucoup plus bas, j'ai eu un peu mal a la tete, pris du paracetamol, et
beaucoup dormi la nuit suivante: aujourd'hui tout va bien; j'ai rencontre un Ukrainien et un Autrichien
et nous sommes alles visiter un "Gompa" (monastere bouddhiste) dans les montagnes.
retrouver les bouddhas, les deites, les jeunes moinillons, et les anciens, edentes, rides, le regard souriant
derriere leurs lunettes a verres epais, qui chantent les soutras et font tourner les roues a prieres...
je crois bien que je vais passer quelques jours la bas pour pratiquer la meditation, 5 ou 7 jours.
pas d'internet evidemment dans le monastere, vous aurez donc normalement des nouvelles d'ici 8 jours.
j'en profite pour rappeler que je suis absolument en securite la bas, que les indiens, qui sont toujours
a proximite d'une maniere ou d'une autre, sont extremement "caring" (ils prennent soin de moi).
je vous invite donc, tous, a rester l'esprit en paix a ce sujet.

je voulais aussi vous dire que je suis toujours tres heureux de recevoir vos reponses, mais que je n'ai pas le temps
de repondre a tous (vous etes a present assez nombreux a recevoir ces mails, je suis d'ailleurs en train de me dire
qu'un blog serait peut etre plus adapte.)

en tout cas, je vous embrasse tres fort, j'espere que vous allez tous bien, et je vous envoie plein de bonnes energies
depuis les montagnes...

a bientot

Arnaud (qui a pour quelques temps repris son nom indien, Arun)